Par Marie RONZE, Docteur Vétérinaire, pour Chezmonveto
L’été et ses températures extrêmes peuvent être éprouvants, non seulement pour nous, mais aussi pour nos animaux de compagnie. Nos compagnons disposent de moyens limités pour évacuer la chaleur.
Il est donc essentiel de comprendre comment ils régulent leur température corporelle et d’adopter les bons gestes pour les protéger durant les vagues de chaleur.
❖ Comment les animaux régulent-ils leur température ?
Nos animaux de compagnie ont une température corporelle normale comprise entre 38 et 39° C. En cas de forte chaleur, leur organisme déclenche des mécanismes naturels de thermorégulation. Ces mécanismes varient selon l’espèce, mais nos animaux sont globalement bien plus sensibles à la chaleur que nous.
o Chiens et chats :
- Ils ne transpirent pas comme nous. Les chiens et chats ne possèdent que quelques glandes sudoripares, principalement situées sous les coussinets. Cela limite leur capacité à transpirer, et donc à réguler leur température corporelle.
- Ils halètent. Le halètement permet l’évaporation de la salive, ce qui aide à évacuer la chaleur. Mais ce mécanisme peut se révéler insuffisant en cas de chaleur très élevée et/ou d’activité intense.
o Nouveaux animaux de compagnie (lapins, cochons d’Inde, furets...) :
- Ils sont encore plus sensibles. Par exemple, les lapins n’ont pas la capacité de haleter efficacement ni de transpirer. Ils comptent sur leurs oreilles, riches en vaisseaux sanguins, pour dissiper un peu de chaleur.
- Le stress accentue le risque. Chez les NACs, la chaleur combinée à un stress même léger peut provoquer un coup de chaleur rapidement.
❖ Les risques liés à la chaleur : le coup de chaleur
Un animal qui ne parvient pas à réguler sa température risque un coup de chaleur, une urgence vétérinaire pouvant entraîner des séquelles graves, voire le décès de l’animal.
Signes d’un coup de chaleur :
o Hyperthermie marquée (température corporelle > 40,5°C)
o Halètement anormalement rapide et bruyant
o Fatigue soudaine, faiblesse, désorientation
o Langue et gencives très rouges ou violacées
o Vomissements ou diarrhée (parfois avec du sang)
o Tremblements, convulsions, perte de conscience
En cas de doute, contactez immédiatement votre vétérinaire. Placez votre animal dans un endroit frais, appliquez-lui un linge humide frais sur le corps et utilisez un ventilateur. Évitez de le refroidir trop brusquement pour prévenir un choc thermique.
La prise en charge par un vétérinaire doit être la plus rapide possible.
❖ Conseils pour protéger vos animaux en période de fortes chaleurs
o Eau fraîche et accessible à tout moment :
- Multipliez les points d’eau à la maison.
- Changez l’eau régulièrement.
- Ajoutez des glaçons ou utilisez une fontaine à eau pour l’inciter à boire.
o Aménagez un coin frais à l’intérieur :
- Pièces ombragées, carrelage frais, rideaux tirés.
- Utilisez un ventilateur (en sécurité) ou la climatisation.
- Proposez des tapis rafraîchissants ou serviettes humides. Il existe également des jouets rafraichissants.
o Ne jamais laisser un animal dans une voiture, même quelques minutes :
L’intérieur d’un véhicule peut atteindre 60°C en moins de 10 minutes, même avec une fenêtre entrouverte.
o Evitez l’activité physique lors des pics de chaleur :
- Privilégiez les sorties tôt le matin ou tard le soir.
- Attention aux surfaces brûlantes (bitume, sable).
o Cas particuliers : chiots, animaux âgés, races sensibles
- Les chiens brachycéphales (bouledogues, carlins…) ont plus de mal à haleter.
- Les animaux âgés, animaux en surpoids ou souffrant de maladies cardiaques ou respiratoires sont plus vulnérables.
- Les chiots et chatons n’ont pas encore une bonne thermorégulation.
Redoublez de vigilance pour ces animaux à risque !
Pour les Kids: Le sais-tu ?
Savais-tu que ton chien ou ton chat ne transpire pas comme toi ? Eh oui, ils ne peuvent pas évacuer la chaleur en transpirant par la peau comme les humains. Résultat, quand il fait très chaud, ils ont encore plus de mal à se rafraîchir ! C’est pour ça qu’il faut les aider à rester au frais pendant l’été.
Pense toujours à leur laisser une gamelle d’eau bien fraîche et à leur préparer un petit coin à l’ombre pour faire la sieste. Tu peux même mouiller un peu leur pelage ou poser un linge humide à côté d’eux.
Et pour les balades ou les jeux, choisis les moments les plus frais de la journée : tôt le matin ou en fin d’après-midi.
05/04/2022 - Conseils du vétérinaire
Comment prendre bien soin de votre... tortue des Steppes ! Par Lauriane Devaux, Docteur Vétérinaire, pour ChezmonvetoLa tortue des steppes, ou Testudo horsfieldi, est une proche parente de notre tortue d’Hermann nationale. Les spécimens sauvages vivent dans les steppes d’Asie centrale (de la Russie à la Chine). En France, on la trouve assez facilement en animalerie et est vendue, à tort ou à raison, comme « tortue de jardin ». Pourtant, cet animal s’adapte assez mal à un climat autre que son climat naturel ce qui peut favoriser le développement de certaines maladies et une mort prématurée. Lorsque vous adoptez une tortue, une consultation chez votre vétérinaire NAC (1) est donc indispensable pour refaire le point sur son entretien, plus complexe que celui des animaux domestiques classiques.❖ Comportement et environnementLes tortues des steppes sont plutôt solitaires mais il est possible de faire cohabiter des femelles sans trop de problèmes. En revanche, la tortue mâle, en période de reproduction est souvent très insistante voire agressive avec les femelles, il est donc conseillé de séparer les sexes lorsqu’ils sont connus. De même, on évite la cohabitation entre des tortues d’espèces différentes, notamment avec la tortue d’Hermann, afin d’éviter l’hybridation.La tortue des steppes est confrontée dans la nature à des climats extrêmes : très chaud en été, très froid en hiver et globalement sec. Cela en fait une espèce peu adaptée à la vie en extérieur en France métropolitaine. Ainsi, pour les individus juvéniles et pour les adultes en dehors de la saison estivale, une vie en terrarium dont les paramètres de milieu sont contrôlés est nécessaire. Pour un individu seul, un terrarium d’un minimum d’1,20 cm de long est recommandé et d’au moins 20-30 cm de haut. Les tortues sont habituées à franchir les obstacles, ainsi la présence d’un grillage, a minima au-dessus du terrarium est conseillé pour éviter les fugues. Le sol du terrarium peut être d’un substrat (tourbe, fibres de coco...) et doit être équipé d’au moins une cachette à l’extrémité non éclairée du terrarium et d’un point d’eau (gamelle plate). La nourriture sera plutôt distribuée dans une gamelle afin d’éviter l’ingestion de substrat. A l’autre extrémité du terrarium, doivent être installées une lampe chauffante et une lampe UV à environ 30 cm du sol du terrarium, de manière à obtenir une température de 30-35°C au point chaud. La température peut être contrôlée automatiquement avec un thermostat. Dans l’idéal, le terrarium doit être équipé d’un thermomètre au point froid (entre 23 et 25°C), et d’un autre au point chaud. En dehors de la période d’hibernation, le rythme d’éclairage doit être de 10 à 12h de jour pour 12 à 14h de nuit. La photopériode est progressivement réduite à l’automne pour enclencher le processus d’hibernation sur les individus assez âgés (>3 ans). La nuit la température peut descendre à 20-23°C. L’hygrométrie doit être maintenue entre 30 et 55% chez les adultes. Chez les juvéniles, elle peut être un peu plus élevée pour garantir une croissance correcte.Si la météo le permet, elle peut vivre dans un enclos extérieur sécurisé pour éviter les fugues. Ce sont de bonnes fouisseuses et elles peuvent passer facilement sous un grillage. Il peut donc être nécessaire d’enterrer les barrières assez profondément, voire de bétonner le fond de l’enclos. De même, il est préférable d’avoir des clôtures suffisamment hautes pour ne pas être escaladées. L’enclos doit être installé dans un endroit chaud et sec, avec une végétation rase pour ne pas garder l’humidité et des arbustes, buissons, pierres et buses pour offrir des abris. Il est aussi possible d’installer une mini serre ou « solarium » au Soleil pour avoir un endroit plus chaud et plus sec que le reste de l’enclos si la tortue en a besoin. Enfin, un point d’eau et une surface propre pour poser les aliments (pierre plate, gamelle) doivent aussi être mis à disposition.❖ Particularités physiologiquesLa tortue des steppes a une espérance de vie de 40 à 60 ans et mesure entre 15 à 25 cm à l’âge adulte, les femelles étant plus grosses que les mâles. C’est une tortue principalement herbivore, qui peut inclure des éléments carnés lorsqu’elle se balade dans le jardin (petits mollusques notamment). La ration doit être suffisamment riche en calcium pour garantir une croissance harmonieuse et la solidité de la carapace. Une complémentation est d’ailleurs recommandée chez les juvéniles. Des végétaux frais tels que l’endive, les fanes de radis, la chicorée, les blettes, le céleri branche, les feuilles de betteraves/ronces/brocolis, ainsi que le plantin, le pissenlit et le trèfle peuvent être proposés.❖ Médecine préventiveIl n’y a pas de vaccin chez les reptiles, en revanche une visite annuelle avant chaque mise à l’hibernation est recommandée pour un bilan de santé et une vermifugation. Une visite peut aussi être nécessaire à la sortie d’hibernation.❖ Reproduction La tortue des steppes est mature sexuellement à 10 ans en moyenne. La période de reproduction court entre mars et avril. A partir de mai-juin, les femelles entrent en ponte et peuvent avoir 2 à 4 pontes éloignées d’une vingtaine de jours avec une moyenne de 4 œufs à chaque épisode (entre 3 et 9 œufs).La durée d’incubation varie entre 60 et 100 jours.Question curieuse : Qu’est-ce que l’hibernation ?L’hibernation est une période de dormance pendant laquelle le métabolisme de la tortue est au plus bas. C’est un mécanisme d’adaptation qui lui permet de passer une saison qui n’est pas propice à sa survie : trop peu ou pas de nourriture, températures extrêmes, hygrométrie inadaptée... Ainsi, en fonction de leur région d’origine, certaines tortues vont hiberner en hiver, ou estiver en été et d’autres espèces n’auront pas besoin de ce repos saisonnier.Pour les Kids : Le sais-tu ?- Pendant l’hibernation, les signes vitaux de la tortue sont au plus bas. Son cœur bat au rythme d’un battement par minute seulement !- La tortue femelle peut pondre des œufs même en l’absence d’un mâle. Lorsque la femelle a été en contact avec un mâle, elle peut conserver ses spermatozoïdes pendant 3 à 5 ans et donc pondre des œufs fécondés qui donneront naissance à des petites tortues.- La tortue des steppes est une bonne fouisseuse, elle peut creuser jusqu’à 1 m de profondeur pour éviter un obstacle ou pour trouver un lieu où hiberner.Pour en savoir plusParmi les nombreux sites internet qui évoquent nos amies à carapace, nous vous recommandons le site NAC-Info : https://nacinfo.wordpress.com/(1) L’acronyme NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) regroupe des petits mammifères, des reptiles, des poissons, des oiseaux, etc.RéférencesDIVERS SJ, STAHL SJ. Reptiles and Amphibian Medicine and Surgery. 3rd ed. Saunders WB. 2019
16/03/2022 - Conseils du vétérinaire
Quelques notions en reproduction des carnivores domestiques Par Amandine Clément, Docteur Vétérinaire, pour ChezmonvetoUn animal de compagnie représente une grande responsabilité et un engagement pour la vie. Aussi, il ne devrait être acquis ou adopté que sous condition d’une bonne connaissance de ses caractéristiques et de ses besoins.Depuis 2015, les animaux sont reconnus par le code civil comme êtres sensibles et l’idée de l’animal-objet doit être proscrite. Ainsi, toute personne impliquée dans la reproduction de ces espèces doit avoir conscience de ses devoirs vis-à-vis des nouvelles vies animales engendrées.❖ RéglementationEn octobre 2015, le gouvernement a publié une ordonnance(1) qui a modifié la définition de l’élevage et les conditions de vente des carnivores domestiques. Aussi, depuis le 1er janvier 2016, le commerce de ces animaux est régi par des mesures strictes, visant à garantir leur bien-être, à responsabiliser les éleveurs (dont les particuliers), à limiter les achats compulsifs et les abandons. Ces derniers sont considérés par le code pénal comme un acte de cruauté, au même titre que la maltraitance animale.Ainsi, toute personne qui possède une chienne ou une chatte qui fait une portée, et dont au moins un chiot ou un chaton est cédé à titre onéreux, est désormais obligé de se déclarer éleveur, numéro de SIREN faisant foi. Cette disposition ne concerne par la cession gratuite dont la mention doit être précisée sur l’annonce.L’élevage est une activité chronophage qui implique de la surveillance et des frais à ne pas négliger !❖ Quelques notions de physiologie chez le chien et le chatChez le chien, la femelle pubère a une activité sexuelle deux fois par an, en moyenne (sauf pour certaines races chez lesquelles les chaleurs ont lieu une fois par an). Le mâle, lui, est actif toute l’année dès sa puberté ! Il est capable de percevoir la présence d’une chienne en chaleurs jusqu’à plusieurs kilomètres à la ronde, d’où un risque élevé de fugue. Des pertes de sang et un gonflement vulvaire sont les signes principaux qui marquent le début des chaleurs (pro-œstrus d’une durée moyenne de 9 jours). Ces signaux sont très attractifs pour les mâles, pourtant, la chienne refuse l’accouplement. Puis, l’ovulation a lieu pendant l’œstrus, classiquement entre le 8ème et le 12ème jour après le début des chaleurs (grosso modo lorsque les pertes vulvaires se tarissent). L’accouplement peut alors avoir lieu durant cette période fertile, sous réserve qu’il n’y ait aucun frein comportemental ou physiologique. Raisonnablement, la mise à la reproduction est conseillée à partir de l’âge de 2 ans et il est préférable de ne pas dépasser l’âge de 6 ans (à adapter en fonction de la race).Les chattes entrent généralement en chaleur au printemps, jusqu’à l'automne. Les manifestations peuvent durer de quelques jours à quelques semaines, en moyenne 10 à 15 jours. Habituellement, le premier cycle de chaleurs est observé vers l'âge de six mois, cependant certaines peuvent les avoir dès quatre mois. Un nouveau cycle apparaît après deux ou trois semaines. L’ovulation est déclenchée par l’accouplement.❖ Favoriser la reproductionPour favoriser la reproduction des chiennes et des chattes, voici plusieurs conseils, à compléter avec ceux de votre vétérinaire, en lien avec la race de votre animal :- S'assurer que les vaccins sont à jour et les anticiper afin d’assurer la transmission d’un taux d’anticorps correct aux petits via le lait- Respecter un protocole de vermifugation avec des produits prescrits par le vétérinaire (au moment de la saillie, quinze jours avant la mise bas puis tous les quinze jours avec les petits)- Si possible, organiser des rencontres préliminaires entre le chien et la chienne afin de tester leur « compatibilité d’humeur » puis présenter la femelle au mâle lors de la période fertile et observer, de préférence, deux saillies à 48 heures d’intervalle- Contrôler la qualité et la quantité de l’alimentation : un aliment de type “croissance” doit être distribué dès la moitié de la gestation et jusqu'à la fin de l'allaitement- Un suivi médical régulier de votre animal par le vétérinaire traitant est recommandé (gynécologie, andrologie et obstétrique)Question curieuseCertains propriétaires pensent qu’il est préférable que leur chienne (ou chatte) ait une portée ou que leur chien s'accouple au moins une fois dans leur vie. Le Pr Alain Fontbonne, spécialiste en reproduction animale à l'EnvA, évoque certains stéréotypes ou clichés sur ce sujet. Pour les Kids : Le sais-tu ?Lors de l’accouplement, les chiens peuvent rester « coincés » par le train arrière durant 15 minutes en moyenne. Il s’agit de la phase du « nouage ».Pour en savoir plus- Site du ministère de l’économie, des finances et de la relance : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Animal-de-compagnie- [Pour les professionnels - Site internet & vidéos] Centre dédié à l’élevage, la reproduction et la pédiatrie canine et féline à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse : https://www.neocare.pro/. (1) Ordonnance n° 2015-1243 du 7/10/2015 relative au commerce et à la protection des animaux de compagnie parue au JORF du 8/10/2015.Références1. Lachapèle D. La Semaine Vétérinaire - Supplément ASV n°96, février 2016. Dossier « Elevage et ventedes animaux de compagnie : la réglementation change ! »2. Fiches « Nos conseils en reproduction des Animaux de compagnie » du Centre Hospitalier UniversitaireVétérinaire Oniris Nantes - https://chuv.oniris-nantes.fr/accueil/fiches-conseils/3. Sites internet cités dans cette fiche conseils