Par Marie Ronze, Docteur Vétérinaire, pour Chezmonveto
Les fêtes de fin d’année sont un moment de joie, de partage et de retrouvailles… mais elles réservent aussi de nombreux pièges pour nos compagnons de compagnie. Entre les repas festifs, les décorations et l’agitation à la maison, les chiens et les chats peuvent être exposés à des dangers et du stress.
Voici nos conseils pour que Noël reste un moment sûr et joyeux pour toute la famille, animaux compris !
❖ Les aliments de fête à éviter pour protéger votre animal :
Pendant les fêtes, il peut être tentant de partager vos délicieux repas avec votre compagnon. Pourtant, de nombreux aliments phares de cette période sont dangereux pour sa santé :
o Chocolat : star des fêtes, il est extrêmement toxique pour les chiens et les chats. Par exemple, seulement 150 g de chocolat noir peuvent être mortels pour un chien de 10 kg.
o Ail, oignons, échalotes, poireaux : crus ou cuits, ces aliments peuvent provoquer de graves troubles sanguins chez les chiens et les chats.
o Raisin (frais ou sec) : même en petite quantité, il peut entraîner une insuffisance rénale aiguë.
o Petits os de volaille (pintade, dinde, chapon) : ingérés, ils peuvent provoquer des perforations ou obstructions digestives.
o Plats très salés ou gras : ils sont à l’origine de vomissements, diarrhées et, dans les cas les plus sévères, des pancréatites.
Pour faire plaisir à votre animal sans risque, privilégiez des friandises spécialement formulées pour eux.
❖ Des cadeaux en toute sécurité :
Les nombreux paquets sous le sapin sont source de curiosité pour nos animaux de compagnie. Pour que l’ouverture des cadeaux reste un moment de joie sans mauvaise surprise, quelques précautions sont à prendre :
o Les emballages cadeaux : le papier cadeau peut être avalé, provoquant des troubles digestifs. Les rubans, en particulier pour les chats, peuvent représenter un danger d’ingestion ou d’étranglement.
o Les jouets pour enfants : les petites pièces ou petits personnages peuvent facilement être mâchouillés et ingérés, pouvant entraîner une occlusion ou perforation digestive.
o Les cadeaux pour vos animaux : choisissez des jouets conçus spécialement pour eux, solides, sans petites pièces détachables. N’oubliez pas de retirer les étiquettes, ficelles ou plastiques d’emballage avant de leur offrir.
❖ Des décorations féériques… mais sans danger pour vos animaux !
La magie de Noël se glisse dans toute la maison grâce aux décorations. Mais pour vos compagnons curieux et joueurs, certaines d’entre elles peuvent représenter un véritable danger. Voici les principaux points de vigilance pour un intérieur festif et sécurisé :
o Le sapin de Noël : les chats (et certains chiens) peuvent être tentés d’escalader le sapin ou de le faire tomber. Cela peut entraîner des blessures, notamment à cause des épines qui peuvent atteindre les yeux. Avec un sapin naturel, l’ingestion d’aiguilles peut aussi provoquer des troubles digestifs.
Pensez à bien stabiliser votre sapin et à limiter l’accès si besoin.
o Les décorations du sapin : boules en verre et petits objets fragiles peuvent se briser et provoquer des coupures ou être avalés. Quant aux guirlandes électriques, elles représentent un risque d’électrocution si votre animal les mâchouille.
o La neige artificielle : qu’elle soit en spray ou en flocons, elle peut attirer les animaux qui risquent de la lécher et de s’intoxiquer.
o Les plantes décoratives : le Poinsettia (Étoile de Noël), le Houx ou le Gui sont toxiques pour les chiens et chats. Installez-les en hauteur ou choisissez des alternatives sans danger.
Pour les kids :
Pendant Noël, il y a beaucoup de bruit, de rires et des cadeaux partout ! Si ton animal a envie de s’éloigner ou de faire une sieste, laisse-le se reposer dans un endroit calme : c’est sa petite pause à lui.
Et pense aussi à bien ranger tes jouets et tes cadeaux ! Ton animal pourrait les mâchouiller, les casser… ou même les avaler par accident.
Les fêtes de fin d’année sont un moment magique à partager avec ceux qu’on aime, y compris nos compagnons à quatre pattes : offrez-leur un Noël serein et sécurisé !
Toute l’équipe de la clinique vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année, remplies de douceur et de partage.
05/04/2022 - Conseils du vétérinaire
Comment prendre bien soin de votre... tortue des Steppes ! Par Lauriane Devaux, Docteur Vétérinaire, pour ChezmonvetoLa tortue des steppes, ou Testudo horsfieldi, est une proche parente de notre tortue d’Hermann nationale. Les spécimens sauvages vivent dans les steppes d’Asie centrale (de la Russie à la Chine). En France, on la trouve assez facilement en animalerie et est vendue, à tort ou à raison, comme « tortue de jardin ». Pourtant, cet animal s’adapte assez mal à un climat autre que son climat naturel ce qui peut favoriser le développement de certaines maladies et une mort prématurée. Lorsque vous adoptez une tortue, une consultation chez votre vétérinaire NAC (1) est donc indispensable pour refaire le point sur son entretien, plus complexe que celui des animaux domestiques classiques.❖ Comportement et environnementLes tortues des steppes sont plutôt solitaires mais il est possible de faire cohabiter des femelles sans trop de problèmes. En revanche, la tortue mâle, en période de reproduction est souvent très insistante voire agressive avec les femelles, il est donc conseillé de séparer les sexes lorsqu’ils sont connus. De même, on évite la cohabitation entre des tortues d’espèces différentes, notamment avec la tortue d’Hermann, afin d’éviter l’hybridation.La tortue des steppes est confrontée dans la nature à des climats extrêmes : très chaud en été, très froid en hiver et globalement sec. Cela en fait une espèce peu adaptée à la vie en extérieur en France métropolitaine. Ainsi, pour les individus juvéniles et pour les adultes en dehors de la saison estivale, une vie en terrarium dont les paramètres de milieu sont contrôlés est nécessaire. Pour un individu seul, un terrarium d’un minimum d’1,20 cm de long est recommandé et d’au moins 20-30 cm de haut. Les tortues sont habituées à franchir les obstacles, ainsi la présence d’un grillage, a minima au-dessus du terrarium est conseillé pour éviter les fugues. Le sol du terrarium peut être d’un substrat (tourbe, fibres de coco...) et doit être équipé d’au moins une cachette à l’extrémité non éclairée du terrarium et d’un point d’eau (gamelle plate). La nourriture sera plutôt distribuée dans une gamelle afin d’éviter l’ingestion de substrat. A l’autre extrémité du terrarium, doivent être installées une lampe chauffante et une lampe UV à environ 30 cm du sol du terrarium, de manière à obtenir une température de 30-35°C au point chaud. La température peut être contrôlée automatiquement avec un thermostat. Dans l’idéal, le terrarium doit être équipé d’un thermomètre au point froid (entre 23 et 25°C), et d’un autre au point chaud. En dehors de la période d’hibernation, le rythme d’éclairage doit être de 10 à 12h de jour pour 12 à 14h de nuit. La photopériode est progressivement réduite à l’automne pour enclencher le processus d’hibernation sur les individus assez âgés (>3 ans). La nuit la température peut descendre à 20-23°C. L’hygrométrie doit être maintenue entre 30 et 55% chez les adultes. Chez les juvéniles, elle peut être un peu plus élevée pour garantir une croissance correcte.Si la météo le permet, elle peut vivre dans un enclos extérieur sécurisé pour éviter les fugues. Ce sont de bonnes fouisseuses et elles peuvent passer facilement sous un grillage. Il peut donc être nécessaire d’enterrer les barrières assez profondément, voire de bétonner le fond de l’enclos. De même, il est préférable d’avoir des clôtures suffisamment hautes pour ne pas être escaladées. L’enclos doit être installé dans un endroit chaud et sec, avec une végétation rase pour ne pas garder l’humidité et des arbustes, buissons, pierres et buses pour offrir des abris. Il est aussi possible d’installer une mini serre ou « solarium » au Soleil pour avoir un endroit plus chaud et plus sec que le reste de l’enclos si la tortue en a besoin. Enfin, un point d’eau et une surface propre pour poser les aliments (pierre plate, gamelle) doivent aussi être mis à disposition.❖ Particularités physiologiquesLa tortue des steppes a une espérance de vie de 40 à 60 ans et mesure entre 15 à 25 cm à l’âge adulte, les femelles étant plus grosses que les mâles. C’est une tortue principalement herbivore, qui peut inclure des éléments carnés lorsqu’elle se balade dans le jardin (petits mollusques notamment). La ration doit être suffisamment riche en calcium pour garantir une croissance harmonieuse et la solidité de la carapace. Une complémentation est d’ailleurs recommandée chez les juvéniles. Des végétaux frais tels que l’endive, les fanes de radis, la chicorée, les blettes, le céleri branche, les feuilles de betteraves/ronces/brocolis, ainsi que le plantin, le pissenlit et le trèfle peuvent être proposés.❖ Médecine préventiveIl n’y a pas de vaccin chez les reptiles, en revanche une visite annuelle avant chaque mise à l’hibernation est recommandée pour un bilan de santé et une vermifugation. Une visite peut aussi être nécessaire à la sortie d’hibernation.❖ Reproduction La tortue des steppes est mature sexuellement à 10 ans en moyenne. La période de reproduction court entre mars et avril. A partir de mai-juin, les femelles entrent en ponte et peuvent avoir 2 à 4 pontes éloignées d’une vingtaine de jours avec une moyenne de 4 œufs à chaque épisode (entre 3 et 9 œufs).La durée d’incubation varie entre 60 et 100 jours.Question curieuse : Qu’est-ce que l’hibernation ?L’hibernation est une période de dormance pendant laquelle le métabolisme de la tortue est au plus bas. C’est un mécanisme d’adaptation qui lui permet de passer une saison qui n’est pas propice à sa survie : trop peu ou pas de nourriture, températures extrêmes, hygrométrie inadaptée... Ainsi, en fonction de leur région d’origine, certaines tortues vont hiberner en hiver, ou estiver en été et d’autres espèces n’auront pas besoin de ce repos saisonnier.Pour les Kids : Le sais-tu ?- Pendant l’hibernation, les signes vitaux de la tortue sont au plus bas. Son cœur bat au rythme d’un battement par minute seulement !- La tortue femelle peut pondre des œufs même en l’absence d’un mâle. Lorsque la femelle a été en contact avec un mâle, elle peut conserver ses spermatozoïdes pendant 3 à 5 ans et donc pondre des œufs fécondés qui donneront naissance à des petites tortues.- La tortue des steppes est une bonne fouisseuse, elle peut creuser jusqu’à 1 m de profondeur pour éviter un obstacle ou pour trouver un lieu où hiberner.Pour en savoir plusParmi les nombreux sites internet qui évoquent nos amies à carapace, nous vous recommandons le site NAC-Info : https://nacinfo.wordpress.com/(1) L’acronyme NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) regroupe des petits mammifères, des reptiles, des poissons, des oiseaux, etc.RéférencesDIVERS SJ, STAHL SJ. Reptiles and Amphibian Medicine and Surgery. 3rd ed. Saunders WB. 2019
16/03/2022 - Conseils du vétérinaire
Quelques notions en reproduction des carnivores domestiques Par Amandine Clément, Docteur Vétérinaire, pour ChezmonvetoUn animal de compagnie représente une grande responsabilité et un engagement pour la vie. Aussi, il ne devrait être acquis ou adopté que sous condition d’une bonne connaissance de ses caractéristiques et de ses besoins.Depuis 2015, les animaux sont reconnus par le code civil comme êtres sensibles et l’idée de l’animal-objet doit être proscrite. Ainsi, toute personne impliquée dans la reproduction de ces espèces doit avoir conscience de ses devoirs vis-à-vis des nouvelles vies animales engendrées.❖ RéglementationEn octobre 2015, le gouvernement a publié une ordonnance(1) qui a modifié la définition de l’élevage et les conditions de vente des carnivores domestiques. Aussi, depuis le 1er janvier 2016, le commerce de ces animaux est régi par des mesures strictes, visant à garantir leur bien-être, à responsabiliser les éleveurs (dont les particuliers), à limiter les achats compulsifs et les abandons. Ces derniers sont considérés par le code pénal comme un acte de cruauté, au même titre que la maltraitance animale.Ainsi, toute personne qui possède une chienne ou une chatte qui fait une portée, et dont au moins un chiot ou un chaton est cédé à titre onéreux, est désormais obligé de se déclarer éleveur, numéro de SIREN faisant foi. Cette disposition ne concerne par la cession gratuite dont la mention doit être précisée sur l’annonce.L’élevage est une activité chronophage qui implique de la surveillance et des frais à ne pas négliger !❖ Quelques notions de physiologie chez le chien et le chatChez le chien, la femelle pubère a une activité sexuelle deux fois par an, en moyenne (sauf pour certaines races chez lesquelles les chaleurs ont lieu une fois par an). Le mâle, lui, est actif toute l’année dès sa puberté ! Il est capable de percevoir la présence d’une chienne en chaleurs jusqu’à plusieurs kilomètres à la ronde, d’où un risque élevé de fugue. Des pertes de sang et un gonflement vulvaire sont les signes principaux qui marquent le début des chaleurs (pro-œstrus d’une durée moyenne de 9 jours). Ces signaux sont très attractifs pour les mâles, pourtant, la chienne refuse l’accouplement. Puis, l’ovulation a lieu pendant l’œstrus, classiquement entre le 8ème et le 12ème jour après le début des chaleurs (grosso modo lorsque les pertes vulvaires se tarissent). L’accouplement peut alors avoir lieu durant cette période fertile, sous réserve qu’il n’y ait aucun frein comportemental ou physiologique. Raisonnablement, la mise à la reproduction est conseillée à partir de l’âge de 2 ans et il est préférable de ne pas dépasser l’âge de 6 ans (à adapter en fonction de la race).Les chattes entrent généralement en chaleur au printemps, jusqu’à l'automne. Les manifestations peuvent durer de quelques jours à quelques semaines, en moyenne 10 à 15 jours. Habituellement, le premier cycle de chaleurs est observé vers l'âge de six mois, cependant certaines peuvent les avoir dès quatre mois. Un nouveau cycle apparaît après deux ou trois semaines. L’ovulation est déclenchée par l’accouplement.❖ Favoriser la reproductionPour favoriser la reproduction des chiennes et des chattes, voici plusieurs conseils, à compléter avec ceux de votre vétérinaire, en lien avec la race de votre animal :- S'assurer que les vaccins sont à jour et les anticiper afin d’assurer la transmission d’un taux d’anticorps correct aux petits via le lait- Respecter un protocole de vermifugation avec des produits prescrits par le vétérinaire (au moment de la saillie, quinze jours avant la mise bas puis tous les quinze jours avec les petits)- Si possible, organiser des rencontres préliminaires entre le chien et la chienne afin de tester leur « compatibilité d’humeur » puis présenter la femelle au mâle lors de la période fertile et observer, de préférence, deux saillies à 48 heures d’intervalle- Contrôler la qualité et la quantité de l’alimentation : un aliment de type “croissance” doit être distribué dès la moitié de la gestation et jusqu'à la fin de l'allaitement- Un suivi médical régulier de votre animal par le vétérinaire traitant est recommandé (gynécologie, andrologie et obstétrique)Question curieuseCertains propriétaires pensent qu’il est préférable que leur chienne (ou chatte) ait une portée ou que leur chien s'accouple au moins une fois dans leur vie. Le Pr Alain Fontbonne, spécialiste en reproduction animale à l'EnvA, évoque certains stéréotypes ou clichés sur ce sujet. Pour les Kids : Le sais-tu ?Lors de l’accouplement, les chiens peuvent rester « coincés » par le train arrière durant 15 minutes en moyenne. Il s’agit de la phase du « nouage ».Pour en savoir plus- Site du ministère de l’économie, des finances et de la relance : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Animal-de-compagnie- [Pour les professionnels - Site internet & vidéos] Centre dédié à l’élevage, la reproduction et la pédiatrie canine et féline à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse : https://www.neocare.pro/. (1) Ordonnance n° 2015-1243 du 7/10/2015 relative au commerce et à la protection des animaux de compagnie parue au JORF du 8/10/2015.Références1. Lachapèle D. La Semaine Vétérinaire - Supplément ASV n°96, février 2016. Dossier « Elevage et ventedes animaux de compagnie : la réglementation change ! »2. Fiches « Nos conseils en reproduction des Animaux de compagnie » du Centre Hospitalier UniversitaireVétérinaire Oniris Nantes - https://chuv.oniris-nantes.fr/accueil/fiches-conseils/3. Sites internet cités dans cette fiche conseils